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INNERSIDE

Vidéo d'art et sonore

Temps exploré : Confinement

En collaboration avec le collectif Rates de Biblioteca (Catalogne, Italie, Québec)

 Diffusée sur Internet et en Espagne

Pour accéder à l'œuvre web >> https://www.innerside.org/myriamlambert

« L’art est un flux irrépressible. Malgré la pandémie et les interdictions qui en ont découlé, le travail des artistes ne s’arrête pas. La plupart des artistes vivent une condition existentielle extraordinaire, que je n’hésiterais pas à qualifier d’état d’exception permanent. Être artiste répond à une impulsion intérieure à laquelle il est impossible de ne pas céder. Il s’agit d’“être” artiste plutôt que de “faire” l’artiste (1) — une nécessité primordiale, un besoin fondamental qui dépasse les limites de l’individu pour devenir une valeur collective.

Les décrets peuvent certes interrompre les aspects formels : l’impossibilité d’accéder au lieu où le geste créatif se matérialise (travailler) ; l’impossibilité de promouvoir la création selon les modalités habituelles, c’est-à-dire par la rencontre avec d’autres dans des lieux publics comme les musées, les galeries ou autres espaces artistiques (exposer) ; voire l’impossibilité, en cette période de confinement généralisé, de céder contractuellement une œuvre à un tiers (vendre). Mais ils ne peuvent interrompre la pensée artistique.

Dans le geste créatif réside, de manière explicite et sans équivoque, la construction continue de ce que nous sommes — en tant qu’êtres humains et en tant qu’artistes. Une pensée et une action critiques et esthétiques, qui correspondent aux raisons profondes de notre âme artistique et humaine.

Partant de cette contrainte du confinement, dix artistes ont entrepris de transférer leur témoignage actif de création de la condition individuelle à la sphère du réseau, afin de rendre visible cet état d’exception permanent, tel qu’il s’exprime dans une activité créative continue, du niveau intime au niveau social.

En explorant les effets psychologiques qu’une telle condition d’isolement engendre en nous, et en écoutant attentivement l’écho des stimuli venus de l’extérieur — écho qui nous renvoie au sentiment d’appartenance à une communauté pour laquelle, au final, nous travaillons.

En partageant librement l’état de recherche créative de chacun·e, ou même d’un groupe de travail, nous souhaitons démontrer que l’art n’est pas seulement un besoin personnel, mais un besoin social fondamental, qui mérite d’être considéré comme une question de civilisation.

Le lien avec la philosophie opérationnelle du groupe de recherche Rates de Biblioteca, né d’un projet de Rosa Brugat, repose sur cette idée : en cette période de confinement, nous devenons générateurs de notre propre matériel d’archives et de documentation, base même de notre recherche dans ce projet en résidence. »
ANTON ROCA, artiste et commissaire


(1) En italien, pour parler de son travail d’artiste, on utilise l’expression « faire l’artiste » plutôt que « je suis artiste », comme on le dit dans ma langue maternelle, le catalan.
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